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Les technologies propres

Fiche no 4 - Secteur agro-alimentaire /
Abattage de volailles

La Coopérative fédérée de QuébecAutres exemples d'application de technologies propres

En implantant un système de transport à sec des viscères à son abattoir de Saint-Félix-de-Valois, la Coopérative fédérée de Québec réalise un coup de maître : elle réduit à la source près de 50 p. 100 de sa charge polluante tout en réalisant des économies majeures. Elle démontre ainsi que le développement technologique et la protection de l’environnement vont de pair.

NB: Cette fiche a été réalisée, avec la collaboration de la Coopérative fédérée de Québec, en 1987 et publiée en 1988.


L'abattage de volailles

Une industrie qui consomme beaucoup d’eau

L’eau est un des éléments essentiels de la plupart des grandes entreprises de transformation de produits alimentaires. Après avoir été utilisée, la plus grande partie de cette eau de procédé est retournée à l’environnement. Comme cette eau est habituellement chargée en matière organique, elle devient dès lors une source de pollution importante pour le cours d’eau qui la reçoit.

Les abattoirs de volailles constituent sans doute l’exemple-type de ces usines où l’eau est utilisée pour le transport des sous-produits. À titre de référence, disons que l’ensemble de l’industrie québécoise de l’abattage libère une charge organique équivalant à celle que rejette une population de 300 000 personnes et qu’à eux seuls les abattoirs de volailles produisent un peu plus de la moitié de cette charge.

Importance relative des rejets des abattoirs de volailles du Québec
Tous les abattoirs du Québec Abattoirs de volailles
Nombre Charge organique
kg/jour
Population
équivalente
Nombre Charge organique
kg/jour
Population
équivalente
231 16 000 295 000 38 8 500 157 000

L’abattage de volailles représente 53 p. 100 de la charge organique rejetée par tous les abattoirs du Québec.

L’utilisation de l’eau

Dans un abattoir de volailles, l’eau est utilisée à presque toutes les étapes du procédé de production :

  • à la réception, l’eau du nettoyage des cages transporte du fumier et des plumes ;
  • à la saignée, la partie du sang qui ne peut être récupérée se retrouve dans l’eau de nettoyage ;
  • à l’échaudage, l’eau sert à ébouillanter les volailles, pour ainsi faciliter l’enlèvement ultérieur des plumes ;
  • au plumage, l’eau est utilisée pour transporter les plumes ;
  • à l’éviscération, l’eau permet le transport des viscères ;
  • au refroidissement, l’eau sert à refroidir les volailles ;
  • de plus, à diverses étapes du procédé, l’eau sert au lavage des volailles ainsi qu’au nettoyage des différents équipements.

L’abattage d’un poulet entraîne en moyenne la consommation de 20 litres d’eau et le rejet de 21 grammes de DBO5 (la demande biochimique en oxygène, un paramètre représentant la charge organique). Ainsi, un établissement-type au Québec, qui abat 25 000 poulets par jour, rejette environ 500 000 litres d’eaux usées par jour et 525 kilogrammes de DBO5 ; ceci équivaut aux rejets organiques de quelque 10 000 personnes.

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L'abattoir de Saint-Félix-de-Valois

L’abattoir de volailles que la Coopérative fédérée de Québec exploite à Saint-Félix-de-Valois a une production variée. On y abat quotidiennement plus de 23 000 volailles, dont des poulets à griller, des gros poulets et des poules pondeuses. Il utilise chaque jour près de 500 000 litres d’eau et déverse à l’égout municipal une charge organique de 400 kilogrammes de DBO5.

Pourquoi l’abattage des poules pondeuses est-il plus polluant?

Deux ou trois jours par semaine, le volume d’abattage compte environ 10 000 poules pondeuses. Les poules contiennent des oeufs et des jaunes d’œufs, qui, à l’étape de l’éviscération, se dissolvent dans l’eau de transport des viscères. On évalue ainsi que, pour chaque 100 poules abattues, plus de trois litres de jaunes d’œufs sont ainsi déversés dans l’eau à traiter. Cet apport augmente considérablement la charge organique en la faisant passer de 400 à 2 100 kilogrammes de DBO5 par jour, ce qui équivaut aux rejets organiques d’une ville de 34 000 habitants.

La difficulté d’un traitement conjoint

C’est en octobre 1985 que la Coopérative fédérée de Québec et le ministère de l’Environnement se sont entendus sur la mise en place d’un programme complet d’assainissement des eaux usées de l’abattoir de Saint-Félix de-Valois. Comme ce dernier rejetait ses eaux usées dans les égouts municipaux, le traitement de cet effluent a été abordé dans le contexte plus global du programme d’assainissement des eaux usées de la municipalité de Saint-Félix-de-Valois. Des pourparlers se sont alors engagés entre l’abattoir et la municipalité pour la mise en place d’une station d’épuration conjointe.

Dès lors, il est apparu nécessaire que l’abattoir prétraite ses effluents, avant leur rejet dans l’égout municipal. En effet, la présence d’huiles et de graisses ainsi que les fortes fluctuations de la charge organique lors des jours d’abattage des poules pouvaient compromettre l’efficacité des équipements municipaux d’épuration.

Or, les systèmes de prétraitement physico-chimique habituellement utilisés dans les abattoirs de volailles ne peuvent garantir un enlèvement efficace des protéines provenant des jaunes d’œufs. Il aurait alors fallu ajouter à ce système un prétraitement biologique, ce qui aurait presque doublé les frais d’installation des équipements de prétraitement. La solution du traitement conjoint posait ainsi un problème majeur.

La Coopérative fédérée a par ailleurs envisagé la possibilité de traiter elle-même au complet son effluent. Les difficultés techniques de l’opération restaient cependant les mêmes et la mise en place d’une infrastructure aurait augmenté considérablement les frais d’abattage, réduisant ainsi la compétitivité de l’entreprise. La compagnie a estimé à 1 500 000 $ les frais d’installation d’un tel système.

Bilan de la pollution
selon le mode de transport des viscères

Paramètres
(en kg par tonne
de poids vif)

Moyenne du
Québec

Coopérative fédérée de Québec
Saint-Félix-de-Valois

Transport
par eau

Transport par eau

Transport à sec
(sous vide)

sans poule* sans poule* avec poule* sans poule* avec poule*
Demande biochimique en oxygène (DBO5) 15,5 17,1 39,5 8,2 11,0
Matières en suspension (MES) 10,9 9,7 25,8 7,8 9,4
Huiles et graisses 5,1 3,7 7,0 2,1 2,5

* Il s’agit ici de poules pondeuses.

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Le transport à sec des viscères

Une solution logique et originale

La réduction à la source de la charge polluante s’est avérée la solution la plus économique, tout en étant la plus prometteuse en ce qui a trait à l’efficacité globale du processus d’épuration. Il devenait dès lors possible de régulariser la charge polluante et de la ramener du même coup à un niveau acceptable.

Avant et après la mise en place de technologies propres
Cliquez pour agrandir - Avant et après la mise en place de technologies propres

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On a réalisé cette réduction à la source en éliminant le recours à l’eau comme moyen de transport des viscères. L’ancien système à eau courante a été remplacé par un réseau de conduites sous vide qui aspirent les viscères à partir des tables d’éviscération et les amènent directement au conteneur de récupération des rebuts non comestibles. Ce réseau de conduites a pu être installé sur une ligne de production déjà existante (voir schéma).

Le recours à un système de transport à sec réduit de façon considérable la contamination de l’effluent de l’usine. En effet, l’eau de procédé n’entre presque plus en contact avec les viscères ou leur contenu.

Ceci élimine du même coup le problème spécifique lié à l’abattage des poules ; les œufs et les jaunes d’œufs contenus dans les viscères sont maintenant complètement récupérés et leur effet sur la charge polluante de l’effluent devient pratiquement nul. On peut alors revaloriser cette matière en la transformant en nourriture animale.

Coopérative fédérée
En récupérant à sec les viscères, la Coopérative fédérée réduit de façon déterminante sa charge polluante, les jours d’abattage de poules. La DBO5 est réduite de quelque 75 p. 100, alors que les matières en suspension ainsi que les huiles et graisses sont chacune diminuées d’environ 65 p. 100.
La mise en place d’un système de transport à sec des viscères a eu un effet direct sur la charge organique de l’effluent de l’abattoir. Pour les jours d’abattage de poules, la charge est réduite de plus de 70 p. 100, ce qui la ramène bien en deçà de celle d’un abattoir qui n’abat pas de poules. Et plus encore, pour les jours sans abattage de poules, la charge polluante a diminué de plus de 75 p. 100.

Grâce à l’installation d’un tel système de transport à sec des viscères, l’eau n’est plus utilisée qu’en des points de la ligne d’abattage où elle est vraiment nécessaire.

La direction de l’abattoir a également mis en place d’autres mesures en vue de limiter le volume d’eau à traiter. L’abattoir est alimenté en eau à partir d’un puits qui fonctionne sans arrêt à un débit constant pour assurer une eau de qualité. Autrefois, toute l’eau provenant du puits était rejetée à l’égout, qu’elle soit utilisée ou non dans le procédé d’abattage. Aujourd’hui, un système automatique contrôle l’alimentation en eau de la ligne de production, selon les besoins ; l’eau non utilisée est rejetée directement au cours d’eau.

Enfin, la Coopérative fédérée a aussi implanté les mesures de réduction à la source usuelles dans les abattoirs de volailles, soit :

  • la récupération du sang ;
  • la ségrégation des eaux de procédé et des eaux pluviales qui sont déversées au fossé ;
  • l’installation de pistolets à fermeture automatique sur les boyaux d’eau et de vannes de contrôle sur les robinets ;
  • l’utilisation de systèmes de nettoyage à haute pression et à faible débit.

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Des avantages concrets et multiples

Les différentes mesures implantées par la Coopérative coopérée de Québec à son abattoir de Saint-Félix-de-Valois ont un impact positif sur plusieurs plans. Voici quelques exemples :

  • Une meilleure protection de l’environnement

En ayant recours au transport à sec des viscères, l’abattoir élimine les fluctuations majeures de la charge organique contenue dans effluent. Ceci permet à la station municipale d’assurer, de façon constante, un traitement adéquat de l’effluent. Par voie de conséquence, cette technologie permet également de diminuer le rejet au cours d’eau d’azote, d’ammoniaque et d’agents fertilisants, ce qui limite la formation d’algues et de plantes aquatiques.

  • Une réduction importante des coûts

En comparant les coûts évalués des deux scénarios de prétraitement de l’effluent, on constate qu’il en coûte 320 000 $ de moins en frais de capitalisation, en optant pour une formule qui mise sur des technologies de réduction à la source. Même constat pour les frais reliés au fonctionnement des équipements d’assainissement, qui se trouvent réduits de 27 000 $ par année. Quant au traitement complet des eaux usées à l’abattoir, il aurait représenté des investissements de l’ordre de 1 500 000 $.

Cet abaissement des coûts de fonctionnement est attribuable à la diminution de la consommation en produits chimiques et en énergie. De plus, à cette économie s’ajouterait celle reliée à la réduction des quantités de boues à éliminer.

Par ailleurs, la récupération par le transport à sec permet la revalorisation des œufs, jaunes d’œufs et viscères comme supplément alimentaire pour animaux.

Coûts comparatifs, par scénario d’assainissement
Coûts Traitement
complet
à l’abattoir
Traitement conjoint
Prétraitement sans
technologies propres
Prétraitement avec
technologies propres
Capitalisation
($)
1 500 000 300 000
(traitement
physico-chimique)
100 000
(réaménagement du traitement
physico-chimique)
  • Installation des équipements
200 000
(traitement biologique)
80 000
(transport à sec)
Total 1 500 000 500 000 180 000
Fonctionnement*
($ par an)
  • Produits chimiques
4 000 20 000 4 000
  • Énergie
6 000 15 000 ---
Total 10 000 35 000 4 000
* Cette évaluation exclut les coûts reliés à la main-d’œuvre et à l’élimination des boues résiduaires.
  • Une amélioration de certaines étapes du procédé

En récupérant à sec les viscères, l’usine facilite d’autant le nettoyage des puits de pompage des eaux usées, où s’accumulaient de fortes quantités de graisses.

  • De meilleures conditions de travail

L’emploi de technologies propres a contribué à améoliorer les conditions de travail. En rendant le procédé plus propre, on maintient un milieu de travail plus agréable et plus sécuritaire.

  • Un banc d’essai

La Coopérative fédérée a démontré l’efficacité de son système de récupération à sec des viscères à son établissement de Saint-Félix-de-Valois. Il s’agit en quelque sorte d’une première pour l’entreprise. La Coopérative élabore maintenant un projet pour appliquer cette technologie propre dans un certain nombre de ses autres établissements.

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