Le coin de Rafale

Fyto

Sais-tu qu’une loi protège les espèces menacées ou vulnérables du Québec depuis 25 ans?

Eh oui! C’est le 22 juin 1989 que le gouvernement du Québec a adopté la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables afin de protéger les plantes et les animaux en danger. Es-tu surpris d’apprendre que des espèces sont en difficulté chez nous?

Le Québec possède une grande diversité d’animaux et de plantes en raison de l’immensité de son territoire. Ça, c’est la biodiversité! Cette biodiversité est composée de plus de 40 000 espèces, c’est-à-dire différentes sortes de plantes vasculaires (plus de 3 000) et d’animaux (environ 650 amphibiens, couleuvres, tortues, mammifères, poissons et oiseaux), sans compter les insectes qui, à eux seuls, comptent environ 25 000 espèces au Québec. Le reste se compose de plantes invasculaires, de champignons, de lichens et d’invertébrés autres que les insectes. En plus de toutes ces espèces, le Québec abrite des plantes horticoles, des animaux domestiques et des microorganismes. Toutes ces formes de vie sont importantes et nous rendent d’énormes services. Elles possèdent une valeur écologique, scientifique, alimentaire, économique, médicinale, culturelle ou sociale. Par exemple, le ginseng à cinq folioles a des propriétés médicinales et le carcajou occupe une place privilégiée dans la mythologie des Amérindiens.

Panax quinquefolius / ginseng à cinq folioles - Crédit photo : Pierre Petitclerc, MERN
Panax quinquefolius / ginseng à cinq folioles
Crédit photo : Pierre Petitclerc, MERN

Le Québec s’est engagé à préserver cette riche biodiversité par diverses stratégies et plans d’action, notamment en protégeant légalement les plantes et les animaux les plus menacés ou les plus vulnérables et en établissant un important réseau d’aires protégées.

Ptychostomum wrightii / bryum de Wright - Auteur : Jean Gagnon, MDDELCC
Pinus rigida / pin rigide
Crédit photo : Line Couillard, MDDELCC

Bien que la disparition d’espèces ait toujours constitué un phénomène naturel, le rythme auquel elle se produit actuellement s’est considérablement accéléré en raison des activités humaines. Parmi les facteurs associés à la situation précaire de ces espèces, notons la perte et la fragmentation des habitats causées par l'urbanisation (villes, routes, habitations, etc.) et l'exploitation des milieux naturels (coupes forestières, agriculture, barrages, etc.). Les changements climatiques, les maladies et les espèces exotiques envahissantes peuvent aussi entraîner la disparition de certaines espèces ou leur déplacement hors de nos frontières.

Au cours des 25 dernières années, la Loi s’est avérée un outil précieux pour éviter que des espèces ne deviennent menacées ou vulnérables ou, pire encore, qu’elles ne disparaissent du Québec. Une espèce peut être présente, voire abondante, ailleurs au Canada ou dans le monde, mais être en situation précaire ici. C’est le cas du pin rigide, une espèce d’arbre répandue chez nos voisins du sud, mais qui a été observée à six endroits seulement au Québec. C’est aussi le cas de l’aigle royal, largement réparti en Amérique du Nord, mais rare au Québec, où on l’observe principalement durant sa migration. Avant qu’une espèce ne devienne menacée ou vulnérable, si les connaissances laissent croire qu’elle est à risque et qu’elle requiert une attention particulière, elle est inscrite sur la liste des espèces susceptibles de devenir menacée ou vulnérable. Par la suite, cette espèce est suivie attentivement par les spécialistes. Si sa situation se dégrade, les spécialistes détermineront si elle doit être désignée menacée ou vulnérable pour être protégée par la Loi. Cette dernière permet aussi de mettre sur pied des programmes de rétablissement des populations d’espèces menacées ou vulnérables et de protéger leurs habitats.

Aigle royal (Aquila chrysaetos) - Crédit photo : Michel Mongeon
Éperlan arc-en-ciel (Osmerus mordax) - Crédit photo : Guy Trencia, MFFP
Gentianopsis virgata subsp. victorinii / gentiane de Victorin - Crédit photo : Frédéric Coursol
Ptychostomum wrightii / bryum de Wright - Crédit photo : Jean Gagnon, MDDELCC
Ptychostomum wrightii / bryum de Wright - Auteur : Jean Gagnon, MDDELCC
Travail d'un spécialiste 

Un des moyens d’aider une espèce à se rétablir est de former une équipe de rétablissement et de rédiger un plan de conservation ou de rétablissement. Cette « équipe du tonnerre » est constituée de spécialistes en botanique et en biologie qui proviennent du gouvernement du Québec, mais aussi d’universités et d’organismes locaux. Toute l’information recueillie par ces équipes, mais aussi par des citoyens comme toi, est consignée au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec, le CDPNQ pour les intimes!

La première liste désignant les espèces susceptibles d’être menacées ou vulnérables faisait état de 450 espèces. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, 622 espèces (507 espèces floristiques et 115 espèces fauniques) y sont inscrites. Parmi celles-ci, certaines appartiennent à des groupes moins connus, comme les insectes, les moules et les mousses. Le nombre d’espèces menacées ou vulnérables protégées par la Loi est de 116 (38 espèces fauniques et 78 espèces floristiques).

Cette augmentation s’explique par le fait qu’il y a maintenant plus de spécialistes qui recueillent de l’information grâce au développement d’outils géomatiques et informatiques pour le traitement des données. Ces nouveaux renseignements indiquent parfois que la situation de certaines espèces est plus précaire qu’on le croyait, alors que c’est l’inverse qui se produit dans d’autres situations. Heureusement, 18 équipes travaillent au rétablissement de 35 espèces en danger. Ce sont les super-héros de la sauvegarde des espèces et des habitats!


Ce logo, adopté par le CDPNQ, représente les espèces menacées ou vulnérables. On y voit la forme stylisée d'un poisson et d'une fleur symbolisant la faune et la flore. En 2014, on souligne le 25e anniversaire de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables!

Et toi, dans tout ça?

Tu peux, toi aussi, signaler la présence d’espèces animales ou végétales en danger. Tu contribueras ainsi à la collecte d’information et à l’établissement des priorités de conservation. Comme les experts ne peuvent parcourir seuls l’immensité du territoire québécois, ton aide leur sera fort utile!

Si tu observes une espèce en danger, signale sa présence sur le site Web du CDPNQ. Tu peux en informer les équipes de rétablissement. Prends des photos, mais garde tes distances! Assure-toi de ne pas piétiner une plante ou son habitat ou de déranger l’animal que tu cherches à identifier.

Contribuons ensemble à la conservation des espèces menacées ou vulnérables et de leurs habitats!

Tu as des questions ou des commentaires sur ce sujet?  Fais-nous-en part

Fyto

Pour en savoir plus

Pour souligner cet anniversaire, je publierai prochainement d’autres capsules sur les espèces menacées ou vulnérables. Reviens me lire bientôt!

Publication : novembre 2014