Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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État de l'écosystème aquatique du bassin de la rivière Chaudière - 1996

La haute Chaudière - Des signes révélateurs d'un milieu en santé

L'écosystème aquatique du secteur de la rivière Chaudière compris entre la municipalité Lac-Mégantic et le barrage Sartigan est plutôt en bonne santé. Les eaux de la rivière principale et de la rivière du Loup sont de qualité satisfaisante. Les bandes riveraines, dominées par la forêt, créent des habitats de très haute qualité, nettement plus intéressants pour la faune aquatique que ceux trouvés dans les régions agricoles et urbaines de la moyenne et de la basse Chaudière. En aval de certaines municipalités, soit Lac-Mégantic et surtout Saint-Gédéon, les poissons montrent cependant des signes évidents de perturbation.

Une source de pollution à Lac-Mégantic

En aval de Lac-Mégantic, la prédominance de poissons tolérants à la pollution et un taux élevé d'anomalies qui s'étend sur près de quatre kilomètres indiquent que le milieu est perturbé. Les rejets de la municipalité et des entreprises industrielles qui s'y trouvent sont peut-être en cause. Par exemple, dans les cellules à dialyse placées en aval de la ville, on a trouvé des concentrations de pyrène quatre fois supérieures à celles de l'amont. Cet hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP), qui n'a été détecté que dans le secteur de Lac-Mégantic, était l'une des substances toxiques déversées directement à la rivière par l'entreprise Les Industries manufacturières Mégantic en 1994. Des travaux d'assainissement ont depuis permis de prétraiter les eaux de procédé de l'entreprise et d'acheminer toutes ses eaux usées à la station d'épuration municipale en 1997.

À Saint-Gédéon, des communautés de poissons mal en point

L'indice d'intégrité biotique pour le poisson baisse de façon marquée en aval de Saint-Gédéon, passant de moyen à très faible, pour ensuite remonter à la cote moyenne en amont du barrage Sartigan. Dans ce secteur, toute la structure de la communauté est altérée.

Jusqu'alors dominants, les cyprins insectivores (ménés) diminuent au bénéfice des omnivores, un groupe tolérant à la pollution. En fait, la densité d'omnivores en aval de Saint-Gédéon atteint 80 %, un pourcentage qui dépasse largement le seuil de 45 % au-dessus duquel une communauté est considérée comme fortement affectée par la pollution. Il est reconnu que lorsque les habitats aquatiques se dégradent, les espèces opportunistes comme les omnivores sont avantagées par rapport aux espèces à régime alimentaire plus spécialisé tels les insectivores.

Étant donné que les pressions agricoles ne sont pas très importantes dans la haute Chaudière, une des causes potentielles du phénomène observé en aval de Saint-Gédéon pourrait être la pollution résiduelle de la station d'épuration de Risborough située en amont. L'usine de textiles C.S.M. Boisvert y déversait jusqu'en 1997 des eaux usées à haute teneur en chlore susceptibles d'entraîner la formation de sous-produits chlorés (ex. : trihalométhanes) à l'effluent municipal. Dans le même secteur, des apports de métaux, de HAP, d'un phtalate, de deux acides gras et d'un composé benzénique ont été décelés en 1994 de même que des biphényles polychlorés (BPC) en 1996. Non perceptible immédiatement en aval de Saint-Ludger, l'impact de tous ces contaminants sur les communautés de poissons semble se manifester dans le secteur de Saint-Gédéon. À Saint-Gédéon, les eaux de lixiviation de l'ancien site d'enfouissement, lequel a été contaminé au fil des ans par les déchets toxiques de l'entreprise Canam Manac, pourraient avoir aussi exercé un effet sur les communautés de poissons. La restauration de ce site a été effectuée par le MEF de l'automne 1992 à l'été 1993.

Contrairement aux poissons, le benthos dans ce tronçon de la rivière ne paraît pas perturbé. Il est possible aussi que les données sur le poisson démontrent les conséquences d'une pollution datant de quelques années et qui ne peut être mise en évidence par le benthos, dont le cycle de vie est en général inférieur à cinq ans.

Le barrage Sartigan, des conditions particulières pour le benthos

La perte de tous les plécoptères et la diminution de la diversité benthique dans le secteur du barrage Sartigan font passer de bonne à moyenne la valeur de l'indice basée sur le benthos. La pauvreté des communautés de macroinvertébrés serait en grande partie associée aux caractéristiques peu propices du milieu. La vitesse réduite du courant dans le réservoir formé par le barrage provoque la sédimentation des particules fines et la création d'habitats moins diversifiés, dominés par des substrats limoneux et argileux.

Outre son effet sur la qualité de l'habitat, le processus de sédimentation peut occasionner l'accumulation de contaminants. Bien qu'aucune source de pollution n'ait été identifiée à proximité, les mousses aquatiques révèlent en amont du barrage les plus fortes concentrations du bassin en cuivre, plomb et vanadium, tandis que les cellules à dialyse présentent les valeurs les plus élevées de phtalate de benzyle et de butyle, d'acide oléique et d'acide linoléique. La présence de tous ces contaminants pourrait constituer un risque pour les organismes benthiques.

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