Le Québec respectera Kyoto

Réaction de la ministre Line Beauchamp à un article publié dans Le Devoir du 19 février 2008

Je tiens par la présente à rectifier certains éléments de l’article publié dans votre édition du 19 février 2008 intitulé « Le Québec n’atteindra pas les objectifs de Kyoto, admet Beauchamp ». Premièrement, en aucun moment de la conférence de presse que j’ai tenue lundi dernier n’ai-je admis que le Québec n’atteindrait pas les objectifs de Kyoto. Au contraire, j’ai répété avec conviction que j’ai confiance en la capacité du Québec de respecter les objectifs de Kyoto. Vous comprendrez ma surprise à la lecture du titre coiffant l’article.

Le Québec assume depuis 2006 un leadership reconnu dans la lutte aux changements climatiques, leadership qui a encore été souligné par le Sierra Club du Canada pas plus tard que la semaine dernière. À cet égard, mon gouvernement a mis de l’avant un plan d’action ambitieux, doté d’un budget de 1,5 milliard de dollars et dont les mesures permettront de réduire les émissions de GES de 14,6 Mt. En ajoutant à ce plan les nombreuses mesures qui seront mises de l’avant par nos partenaires au cours des prochaines années, je peux affirmer, sans crainte de me tromper, que le Québec atteindra l’objectif de Kyoto.

Le Protocole de Kyoto est complexe et très souvent j’entends des interprétations erronées de ce qu’impliquent les obligations qui y sont rattachées, notamment au niveau de la comptabilisation des réductions à atteindre. Ainsi, selon certains, les réductions de 14,6 Mt pendant cinq ans de 2008 à 2012 doivent se cumuler. Le cumul sur cinq ans des réductions annuelles de 14,6 Mt, proposé par certains, nous amènerait à une réduction de l’ordre de 73 Mt alors que le Québec émettait 92 Mt en 2005. Si cette façon de calculer était la bonne, elle équivaudrait à fermer toutes les industries du Québec, de cesser tout mode de transport et de réduire à zéro les émissions des secteurs résidentiel, commercial et institutionnel. Ce n’est certainement pas l’objectif recherché par le Protocole de Kyoto. Or, si le Québec réduisait ses émissions de 14,6 Mt dès 2008, il n’aurait aucune réduction additionnelle à mettre de l’avant car les efforts de 2008 se répercuteraient sur les années subséquentes

Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’objectif à atteindre est un niveau d’émission moyen équivalent au niveau de 1990 moins 6 %. Comme le Québec a émis 87,5 Mt de GES en 1990, son objectif est d’émettre 82,25 Mt en moyenne par année de 2008 à 2012. Kyoto ne requiert pas l’atteinte de l’objectif dès 2008 en autant que la moyenne sur les 5 années soit à ce niveau.

Les réductions à effectuer pour respecter le protocole de Kyoto dépendent de nombreux facteurs et, au premier chef, des prévisions d’émissions selon le « cours normal des affaires ». Ces prévisions indiquent quelles sont les émissions prévues sans intervention gouvernementale et tiennent compte de plusieurs facteurs, dont le prix du baril du pétrole.

Actuellement, la projection des émissions, selon le cours normal des affaires, pour 2012 est de 96 Mt sur la base d’un prix du pétrole de 45 $ US le baril. Or, on sait que le baril de pétrole avoisine actuellement les 100 $ US et influencera à la baisse le niveau des émissions projetées par le « cours normal des affaires ». En revoyant ces prévisions à la baisse, les réductions réelles à effectuer pour respecter le protocole de Kyoto baissent aussi car les émissions de GES à éviter relativement à la projection du cours normal des affaires baisseront de façon significative. Cependant l’objectif de réduction de 14,6 Mt de notre plan demeure, ce qui me donne confiance que le Québec respectera Kyoto.

Il faut donc comprendre que le plan d’action du gouvernement du Québec, qui prévoit une réduction de 14,6 Mt de GES en 2012, est une composante d’une série de facteurs qui détermineront le niveau moyen d’émission atteint par le Québec entre 2008 et 2012. Aux efforts du gouvernement du Québec, il faut ajouter aussi ceux du gouvernement fédéral, des secteurs industriel et municipal. La conjugaison de l’ensemble de ces efforts et l’implication des citoyens me permettent d’affirmer que le Québec respectera Kyoto.

De plus, le 7 juin 2007, j’annonçais que le Québec était plus que jamais déterminé à mettre les bouchées doubles pour lutter contre les changements climatiques. Ainsi, plusieurs mesures complémentaires à celle du Plan d’action sur les changements climatiques, ont déjà été annoncées, notamment le programme ClimatSol et le programme de substitution du mazout lourd.

C’est donc avec conviction et fierté que je réaffirme haut et fort, que le Québec respectera les exigences de Kyoto.

La ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs,
Line Beauchamp